Édito

Pour moi, le plus grand réalisateur de cinéma aujourd'hui, c'est Abbas Kiarostami.

Michael Haneke (Palme d’Or – Cannes 2012), invité à Strasbourg en 2009

L’idée d'accueillir Abbas Kiarostami à Strasbourg remonte à plusieurs années déjà. L’adhésion successive d’acteurs issus de différents horizons – institutionnels, associatifs, privés – concrétise le projet : du 14 au 24 janvier 2013, Strasbourg reçoit le cinéaste iranien en résidence.

Cette invitation n’a pas simplement pour objectif de faire parler le cinéaste de son œuvre, mais bien de le placer au cœur d’un projet de création, de production, de réflexion et de diffusion. Aussi Kiarostami ne sera-t-il pas simplement « en visite » à Strasbourg, mais véritablement « en résidence ». Il sera parmi nous, c’est-à-dire parmi les étudiants, parmi le public strasbourgeois et parmi les professionnels du monde audiovisuel alsacien, sur différents modes :
- formation/création :
Abbas Kiarostami tiendra un atelier pratique de photo et de vidéo ouvert à tout public (sur inscription et tirage au sort). En parallèle, il accompagnera un travail de création guidée auprès d’un groupe d’étudiants de l’U.F.R. des Arts de l’Université de Strasbourg.
- diffusion :
Les cinémas Star organiseront une rétrospective qui réunira dix films de Kiarostami, représentatifs de son œuvre cinématographique. Au CEAAC, l’exposition des travaux issus de l’atelier avec ceux produits par les étudiants en Arts abordera son approche plastique, vidéographique et photographique.
- réflexion :
Plusieurs temps de rencontre avec le public sont prévus : leçon de cinéma par Kiarostami au cinéma Star St-Exupéry, analyse d’une œuvre par Alain Bergala à l’Auditorium des Musées de Strasbourg, rencontre entre Kiarostami et Jean-Luc Nancy pour un bilan public du travail d’atelier à l’Université de Strasbourg et temps d’échange privilégié avec les professionnels de la Safire qui conduira le cinéaste sur les traces du pasteur Oberlin, de Büchner et de Lenz à Waldersbach.

Ce projet polymorphe convoque toutes les facettes du travail d’Abbas Kiarostami, dont l’œuvre, protéiforme, est celle d’un poète, peintre, photographe (expositions au MOMA, au Centre  Pompidou) et cinéaste (Palme d'Or pour Le Goût de la cerise en 1997).

Il engage aussi l’expérience de nombreux partenaires : l’Université de Strasbourg, avec trois enseignants spécialistes – Valérie Carré, Christophe Damour, Thibault Honoré – et son Service universitaire de l’action culturelle (SUAC), la DRAC Alsace, la Ville de Strasbourg, les cinémas Star, la Safire (Société des Auteurs de Films Indépendants en Région Est), le CEAAC (Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines), l’association Vidéo Les Beaux Jours, l’Auditorium de Musées de la Ville de Strasbourg et l'Agence culturelle d'Alsace.

Bien plus qu’une simple visite de Kiarostami à Strasbourg comme il s’en tient souvent à l’occasion de la sortie d’un film, il s’agit là d’un temps fort pour mieux mettre en valeur un cinéma encore trop méconnu du public et le travail d’un artiste polyvalent dont l’apport aux professionnels, aux étudiants et au grand public stimulera sans nul doute la production et la création dans notre région.

Abbas Kiarostami

Réalisateur iranien de renommée internationale, Abbas Kiarostami a débuté sa carrière dans la publicité avant de consacrer ses premiers films, des courts-métrages pour la plupart, à l'éducation. Ses protagonistes étaient alors des enfants confrontés à des problèmes quotidiens (la peur d'un chien, un cahier abîmé, une punition à l'école...). Dans ces années 70, il tourne également des moyens métrages plus axés sur la fiction tout en maintenant un assez fort aspect documentaire (Le Passager, Le Costume de mariage). C'est vers la fin des années 80 que l'Europe découvre le cinéma d'Abbas Kiarostami. En 1987, Où est la maison de mon ami, premier volet d'une trilogie dite de "Koker" est sélectionné à Cannes et à Locarno. Ce film, tourné dans le nord de l'Iran, lança la carrière internationale du réalisateur qui revint dans les années suivantes régulièrement à Cannes où il remporta la Palme d'Or pour Le Goût de la cerise en 1997. Par la suite, Abbas Kiarostami se tourne vers des formes de plus en plus expérimentales, en filmant par exemple un film entier de l'intérieur d'une voiture (Ten) ou encore une assemblée de spectatrices regardant un film au cinéma (Shirin). Parallèlement à son activité de cinéaste, Kiarostami travaille dans nombre de domaines artistiques et il expose régulièrement dans les plus grands musées du monde (MOMA, Pompidou...). Depuis les années 2000, Kiarostami tourne aussi en dehors de l'Iran : en 2001, il réalise un documentaire en Ouganda (ABC Africa) puis deux films de fiction, l'un (Copie conforme, 2010) en Italie, l'autre (Like someone in love, 2012) au Japon.

Son œuvre, protéiforme, est celle d’un poète, peintre, photographe et cinéaste. Lors de sa venue toute récente à Strasbourg pour la sortie de Like Someone in Love, celui que beaucoup considèrent comme l’un des cinéastes contemporains les plus importants, au regard de son travail sur la forme cinématographique, rappelait, facétieux, qu’il se considérait d’abord comme photographe. Nous touchons là aux questions que son œuvre pose à l’image, et que l’on pourrait résumer en une série ouverte de couples en tension (cache/cadre, figuration/abstraction, clôture/ouverture,…), interrogeant autant le cinéma que la peinture ou la photographie. En outre, ces questions se cristallisent souvent en un motif paysager, à l’image du chemin à flanc de colline, que l’on retrouve dans les trois films qui composent la trilogie de Koker, ou des clichés saisissants du recueil Pluie et vent (Gallimard).

Ressources documentaires

Discours d'accueil de M. Daniel Payot, Adjoint au maire de Strasbourg à l'action culturelle et Professeur de philosophie de l'art à l'Université de Strasbourg, à l'occasion de la réception donnée par la Ville de Strasbourg en l'honneur d'Abbas Kiarostami le 15 janvier 2013.

Ressources
documentaires proposées par le Service Commun de la Documentation de l’Université de Strasbourg :
> Une bibliographie recense les documents relatifs à Abbas Kiarostami et le cinéma iranien disponibles dans les bibliothèques de l’université ainsi qu’une sélection d’articles de périodiques.
> Des expositions de documents sont organisées à la bibliothèque du Portique ainsi qu’à la bibliothèque U2-U3 pendant la durée de la résidence.
> Un dossier documentaire sur Abbas Kiarostami est également consultable à la bibliothèque U2-U3.

Actualités

Discours d'accueil de M. Daniel Payot, Adjoint au maire de Strasbourg à l'action culturelle et Professeur de philosophie de l'art à l'Université de Strasbourg.

Ressources documentaires proposées par le Service Commun de la Documentation de l’Université de Strasbourg : Une bibliographie recense les documents relatifs à Abbas Kiarostami et le cinéma iranien disponibles dans les bibliothèques de l’université ainsi qu’une sélection d’articles de périodiques. Un dossier documentaire sur Abbas Kiarostami est également consultable à la bibliothèque U2-U3.

Crédit photo : Antoine Doyen / Contour by Getty Images. Graphisme : Sandra Miller / Imprimerie Unistra
Affiche Résidence Kiarostami à Strasbourg